En thérapie, derrière les paroles échangées entre le client et le thérapeute se cache un discours plus profond; ce que en premier temps sera exprimé comme des souffrances va devenir des vecteurs pour éclairer ce qui est précieux pour l’être humain. Le thérapeute et le client cherchent dans le récit d’une vie le sens profond de la vie même. Ils sont les interprètes de ce que une vie raconte sur l’expérience humaine en générale. C’est une recherche de l’expression de l’âme collective. Tous deux expriment donc a partir d’un vécu un chemin vers l’inconnu. Plutôt qu’un discours c’est une chanson à la recherche de la musique de l’âme collective, une aventure métaphysique qui traverse le temps et l’espace de chacun d’eux. Il y a toujours un espoir, une illusion d’entrer dans un monde qui va au-delà de la vie quotidienne, au-delà de ce que l’on connaît.

Dès que l’on commence à introduire des paramètres psychologiques ou diagnostiques dans le discours entre le client et le thérapeute l’entreprise thérapeutique  est déjà invalidé. C’est pourquoi l’exigence des compagnies d’assurance de maladie d’avoir un diagnostic et un plan de traitement après une première consultation bouscule l’unicité de ce que la thérapie peut offrir. C’est précisément la création singulière, qui naît sans idées préconçues et sans ligne directive, qui peut lever un coin du voile du sens profond d’une vie individuelle; de comment cette vie  particulière du client a un lien avec le sens de la vie. En fait, toute notion de « traitement » est nuisible a la valeur de cette mission thérapeutique. Le thérapeute et le client utilisent l’espace qui les séparent, ce que le philosophe Peter Sloterdijk a nommé la sphère interfaciale. Dans cette espace, d’abord vide, chacun va offrir selon sa propre perspective et expérience la sagesse de son expérience et c’est le mariage des ces mots qui va remplir cette sphère spatiale ou tous deux vont s’enrichir de cette offrande. Les nouvelles affirmations du vécu vont donner du sens et de la perspective au présent et ouvrir un chemin pour continuer et avancer dans l’aventure humaine hasardeuse.

 

Inspirations: Les docteurs Pierre Reinig et Yves Prigent et les belles paroles de Hélène Grimaud, de qui je reprends plusieurs mots et phrases poétiques sur l’interprétation de la musique pour exprimer un aspect sous-évalué et moins connu de la thérapie.

Joan Miró, 1920, Cheval, Pipe et Fleur rouge, huile sur toile, Philadelphia Museum of Art.

 

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